Je fais du rangement dans mes archives. Je glâne des notes retrouvées sur des petits bouts de papier…

Nietzsche – Fragments posthumes automne 1884- automne 1885 (trad Haar de Launay)

p37
 
Ainsi parlait une femme pleine de timidité
Me disant au petit matin:
“Tu es déjà heureux dans la sobriété
Quel bonheur quand tu seras – ivre!”
 

p39

A de faux amis:
Tu as volé, ton oeil n’est pas pur –
Tu n’as volé qu’une seule pensée? – Non,
Qui oserait être aussi insolemment modeste!
Prends encore cette poignée –
Prends tout ce qui est mien –
Et puisses-tu, porc, te gaver de pureté!

 

p40

L’Ermite parle
Avoir des idées? Bon! – alors elles seront ma possession.
Mais se faire des idées, – cela j’y ai bien renoncé!
Qui se fait des idées – celui-là est dominé,
Et servir, je ne le veux jamais, au grand jamais.

 

p45

Alors j’attends ici, et j’étreins fermement ce que l’oeil et la main peuvent saisir!
 

p29

Hors de soi, comme le chien, par dévouement.
 

p31

Je bénis toute chose
feuillage, herbe, bonheur, bénédiction et pluie
 

p34

La nuit – qui frappe à ma fenêtre
Demande cécité au soleil
 

p35

Le plus beau corps – un voile seulement,
où pudiquement se voile – quelquechose de plus beau.
 

p47

Je t’aime, catacombe!
Mensonge de marbre!
Vous autres faites que sans cesse mon âme
Se soulage en la plus libre des moqueries.
Mais aujourd’hui je pleure, immobile et debout,
Laissant libre cours à mes pleurs,
Devant toi, image de pierre,
Devant toi, parole qui y fûs gravée!
 
Et – que nul ne le sache –
Cette image – je l’ai baisée
Il est tant d’occasion de baisers,
Depuis quand baise-t-on – l’argile!
Qui donc saura me l’expliquer?
Moi, un obsédé des tombeaux!
Car, je l’avoue, j’ai même baisé
La longue inscription.

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